top of page
Image by Flavio

Accompagnement des personnes autistes

Pendant longtemps et c'est encore le cas à présent (malheureusement!) les thérapies destinées aux personnes autistes consistaient à gommer leurs comportements atypiques. En d'autres mots, il s'agissait de "normaliser" les comportements. Cette approche est vivement critiquée à l'heure actuelle, notamment par la communauté autistique car elle se focalise sur les manques et néglige les aspects positifs de l'autisme. En outre, l'idée-même que la personne autiste aie nécessairement besoin d'une thérapie continue de véhiculer l'impression que l'autisme est un "trouble", une "maladie", un "syndrome", soit quelque chose d'horrible qu'il faut absolument soigner!

 

Cela ne veut pas dire non plus que les personnes autistes n'ont pas besoin de thérapie. Le fait de percevoir le monde avec une extrême intensité peut créer des difficultés en soi et, en outre, elles ont souvent eu une histoire de vie semée de traumas. Les personnes autistes peuvent donc nécessiter une prise en charge thérapeutique. Cependant, cette aide doit être centrée sur la personne et sa particularité neuro-biologique afin de lui permettre de comprendre son mode de fonctionnement particulier et de s'épanouir avec cette différence.  

Souvent, si la personne autiste est en souffrance, ce n'est pas à cause de l'autisme en tant que tel mais parce qu'elle doit vivre dans un monde qui n'est pas conçu pour elle. Elle accumule, au fil du temps, de nombreux traumas notamment dans le cadre des relations interpersonnelles mais aussi dans le cadre des études ou de la vie professionnelle. Ces traumas engendrent du stress et le stress accumulé peut déboucher sur un burnout autistique

D'une manière générale, être autiste dans un monde neuro-typique, est une épreuve.

 

Les personnes autistes font des efforts inouïs pour s'adapter et essayer de s'intégrer à leur environnement, ce qui est extrêmement coûteux en terme d'énergie. Ils "sentent" qu'ils sont différents et sans une prise de conscience et d'acceptation de cette différence, celle-ci est vécue comme pesante, étrange et incompréhensible. 

 

Cette constante réalisation du décalage entre la personne autiste et les "autres" peut générer de la souffrance, de l'angoisse, de la colère et/ou de la tristesse ce qui parfois mène à des diagnostics erronés. En outre, tandis que la personne autiste engage son énergie dans l'adaptation à un univers différent du sien, elle perd de vue ses atouts.

A force de vouloir "être comme les autres", elle s'oublie, oublie de prendre soin d'elle-même, oublie de cultiver son identité. 

L'approche affirmative de l'accompagnement de la personne autiste repose sur la mise en exergue des atouts liés à sa différence. Elle lui permet de renouer avec elle-même et de (re)-trouver des ressources qui vont lui permettre de se sentir en sécurité et de vivre sa différence plus sereinement.

Thérapie affirmative de l'autisme
 

La thérapie affirmative de l'autisme, autrement nommée "thérapie centrée sur l'autisme" est un concept récent qui a été imaginé par le psychologue américain Matt Lowry.

 

1/ Etre autiste

Les personnes autistes adultes et, a fortiori, celles qui ont été diagnostiquées tardivement, ont camouflé leur différence pendant de nombreuses années. Ce faisant, elles se sont privées d'une part de leur identité. Elles ont traversé leur vie en essayant de se conformer à leur environnement afin de trouver une place dans un univers neurotypique très différent de leur nature profonde.

Il est important de renouer avec son Vrai Soi et de comprendre que son cerveau fonctionne différemment. La thérapie va permettre à la personne de s'accueillir dans toutes ses dimensions et dans certains cas, quand le camouflage a été très rigoureux, elle va devoir “apprendre à être autiste”.

Ainsi, la personne va:

  • Prendre conscience que c'est OK d'être autiste, que cela a ses avantages et ses inconvénients comme à peu près tout dans la vie.

  • Redécouvrir ce qui la fait vibrer, retrouver ou découvrir ses intérêts particuliers, les mouvements qui lui font du bien, ses valeurs, le fait qu’elle recherche des connexions profondes avec autrui et qu’elle ne s’y retrouve pas dans le “small talk”.

  • Apprendre que c’est OK de gigoter, "stimmer", de ne pas chercher le contact visuel, d’avoir besoin de faire des bruits, de s’asseoir de manière “atypique”…

  • Qu’elle peut parler de tout et n'importe quoi car c'est ainsi que fonctionne le discours autistique: il peut partir dans des digressions sauvages qui ont l'air de ne mener à rien mais il y a toujours un fil conducteur et on rebondit toujours sur quelque chose d'essentiel. 

  • Eradiquer la honte. Souvent les personnes autistes ressentent une forme de honte diffuse qui s’est installée après des années de sentiment d’inadéquation.

  • Gérer l’énergie: Parce que le cerveau autistique est constamment en train de traiter des tonnes d'informations et de tenter d'y créer du sens en faisant des liens, cela a directement un impact sur l'énergie globale dont dispose la personne. Souvent les personnes autistes repoussent leurs limites à l’extrêmes et se retrouvent proches du burnout. Apprendre à gérer son énergie est essentiel.

 

2/ Soigner les traumas

Les personnes autistes ont toutes une histoire de vie semée de traumatismes. Qu’il s’agisse de rejet, de moqueries, de manque de respect pour leurs particularités, de discrimination, de difficultés scolaires due à des troubles de l’apprentissage (souvent corrélés avec l’autisme), d’agression sexuelle*, de violence psychologiques voire physique, les personnes autistes arrivent souvent en consultation avec de nombreuses blessures accumulées au fil du temps. Ces dernières produisent un effet cumulatif et la personne peut souffrir de syndrome de stress post-traumatique complexe (SSPTC).

 

*Dans la population générale, 23% des femmes de plus de 15 ont été victimes de violence sexuelle. Les femmes autistes sont deux à trois plus souvent victimes d’agression sexuelle.

 

3/ Auto-représentation (self advocacy)

Les personnes autistes ont souvent une Estime de Soi fluctuante. Pour s’adapter, elles ont dû ignorer leurs besoins et leurs désirs et ont dû ignorer leurs limites. L’auto-représentation personnelle est liée à l’assertivité qui est l’un des piliers de l’Estime de Soi. Etre capable d’identifier ses propres besoins, ses envies et les respecter est une première étape qui implique le développement de la conscience de soi. Ensuite, il s’agit de faire respecter ses besoins et limites par les autres.

Pouvoir dire les choses est un bon début. Cela peut se traduire par de petites interventions comme:

  • La musique va trop fort, je ne parviens pas à me concentrer sur ce que tu dis

  • Il y a trop de stimuli ici pour moi, je vais sortir

  • J’ai besoin d’un moment de solitude pour traiter ces nouvelles informations

  • J’ai besoin de savoir à quoi m’attendre pour “organiser mon cerveau”: si tu es en retard, il faut me prévenir.

  • Etc…

 

4/ La vie du corps

Bien trop souvent, les personnes autistes oublient qu’elles ont un corps!

Cela est dû en partie à des problèmes d’intéroception c’est-à-dire la capacité à évaluer et discriminer les informations (sensations) en provenance du corps. Les personnes autistes peuvent avoir des difficultés à savoir quand elles ont faim, soif, sommeil ou… quand elles doivent “faire pipi”!

De multiples problèmes peuvent résulter de ce manque de connexion avec le corps:

Troubles alimentaires, malnutrition, perte ou gain de poids, manque d’exercice, troubles du sommeil, etc.

Lorsque c’est le cas, la personne sera encouragée à développer des systèmes.: chaque personne est différente et elle va apprendre à élaborer son propre mode d’emploi pour son corps.

Mettre des mots sur les maux

Etre autiste n'est pas une tare. Il est estimé qu'il y 78 millions d'autistes dans le monde. C'est presque l'équivalent d'un pays comme l'Allemagne et c'est la communauté autistique! Cependant, ces personnes sont disséminées dans le monde et la plupart du temps isolées. Elles n'ont donc pas l'occasion d'apprendre le langage de l'autisme, à moins qu'elles se retrouvent sur les réseaux sociaux. 

La base de la psychothérapie pour tous les humains est: "pouvoir mettre des mots sur les maux". 

Il en va de même pour l'autisme. 

En consultation, nous allons acquérir un tout un vocabulaire. Et grâce à cela, nous allons essayer de comprendre comment le fonctionnement autistique impacte la personne.

Voici quelques termes que nous allons apprendre à utiliser (et pour une liste plus exhaustive cliquez ici)

  • Aversion pathologique à la demande (ou "quête persistante d'autonomie")

  • ​Burnout autistique

  • Camouflage

  • Effondrement autistique

  • Exteroception

  • Gestion de l'énergie

  • Intérêts spécifiques

  • Interoception

  • Mutisme situationnel 

  • Proprioception

  • Régulation - dérégulation

  • Repli autistique (shutdown)

  • Stimming

  • Validisme

  • Etc.

bottom of page